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CHAPITRE II.


La maison de Joel, le brenn de la tribu de Karnak. — La famille gauloise. — Hospitalité. — Costumes. — Armes. — Mœurs. — La ceinture d’agilité. — Le coffre aux têtes de morts. — ARMEL et JULYAN, les deux Saldunes. — Joel brûle d’entendre les récits du voyageur, qui ne satisfait pas encore à sa curiosité. — Repas. — Le pied d’honneur. — Comment finissait souvent un souper chez les Gaulois, à la grande joie des mères, des jeunes filles et des petits enfants.




La maison de Joel, comme toutes les habitations rurales, était très-spacieuse, de forme ronde, et construite au moyen de deux rangs de claies, entre lesquelles on pilait de l’argile bien battue, mélangée de paille hachée ; puis l’on enduisait le dehors et le dedans de cette épaisse muraille, d’une couche de terre fine et grasse, qui, en séchant, devenait dure comme du grès ; la toiture, large et saillante, faite de solives de chêne, jointes entre elles, était recouverte d’une couche de joncs marins, si serrés, que l’eau n’y pénétrait jamais.

De chaque côté de la maison, s’étendaient les granges destinées aux récoltes, les étables, les bergeries, les écuries, le cellier, le lavoir.

Ces divers bâtiments, formant un carré long, encadraient une vaste cour, close pendant la nuit par une porte massive ; au dehors, une forte palissade, plantée au revers d’un fossé profond, entourait les bâtiments, laissant entre eux et elle une sorte d’allée de ronde, large de quatre coudées. On y lâchait, durant la nuit, deux grands dogues de guerre très-féroces. Il y avait à cette palissade une porte extérieure