Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/23

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— Alors, mon garçon, répondit le domestique, vous direz à votre bourgeois que le colonel l’attend ce matin, avant midi, pour s’entendre avec lui au sujet de la fourniture de toile dont il a parlé hier à votre bourgeoise. Voici l’adresse de mon maître, ajouta le domestique en laissant une carte sur le comptoir. Et surtout recommandez bien à votre patron d’être exact ; le colonel n’aime pas attendre.

Le domestique sorti, Gildas prit machinalement la carte, la lut, et s’écria en pâlissant :

— Par Sainte-Anne d’Auray ! c’est à n’y pas croire…

— Quoi donc, Gildas ?

— Lisez, Jeanike !

Et d’une main tremblante il tendit la carte à la jeune fille, qui lut :

Le comte Gontran de Plouernel,
Colonel de Dragons,
18, rue de Paradis-Poissonnière.

— Étonnante… effrayante maison que celle-ci ! répéta Gildas en levant les mains au ciel, tandis que Jeanike paraissait aussi surprise et presque aussi effrayée que le garçon de magasin.