Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/238

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le midi de la Gaule ; ils le gouvernent par leurs proconsuls, réduisent le peuple au plus dur esclavage. Les autres provinces s’alarment-elles enfin de ces terribles envahissements de Rome, qui toujours s’avance menaçant le cœur de la Gaule ? Non, non ! confiantes dans leur courage, elles disent comme tu le disais tout à l’heure, Joel : Le Midi est loin du Nord, l’Orient est loin de l’Occident. Cependant notre race, assez insouciante et présomptueuse pour ne pas prévenir la domination étrangère lorsqu’il en est temps, a toujours le courage tardif de se révolter lorsque le joug s’appesantit sur elle. Les provinces soumises aux Romains éclatent en rébellions terribles : elles sont comprimées dans le sang. Nos désastres se précipitent. Les Bourguignons, excités par les descendants des anciens rois, s’arment contre les Francs-Comtois, en invoquant le secours des Romains. La Franche-Comté, hors d’état de résister à une telle alliance, demande des renforts aux Germains, de l’autre côté du Rhin ; ces barbares du Nord apprennent ainsi le chemin de la Gaule ; mais ces nouveaux alliés se montrent si féroces, qu’après de sanglantes batailles contre ceux même qui les avaient appelés, ils restent maîtres de la Bourgogne et de la Franche-Comté… Enfin, l’an passé, les Suisses, excités par l’exemple des Germains, font irruption dans les provinces gauloises conquises par les Romains. Jules César, nommé proconsul, accourt d’Italie, refoule les Suisses dans leurs montagnes, chasse les Germains de la Bourgogne et de la Franche-Comté, s’empare de ces provinces, épuisées par leur longue lutte contre les barbares, et à leur oppression succède celle des Romains : c’était pour nous changer de maîtres… Enfin ! enfin ! au commencement de cette année, une partie de la Gaule sort de son assoupissement, sent le danger qui menace les provinces encore indépendantes. De courageux patriotes, ne voulant pour maîtres ni Romains ni Germains, Galba chez les Gaulois de la Belgique, Boddig-nat chez les Gaulois de Flandre, soulèvent en masse les populations contre César. Les Gaulois du Vermandois, ceux de l’Artois, s’insurgent aussi. Et l’on marche aux Romains ! Ah ! ce fut une grande et