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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/294

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choc pesant ; elle y courut, et s’aperçut alors qu’une épaisse claie d’osier, fermant l’entrée, avait été appliquée au dehors. D’abord, surprise de cette précaution, la jeune femme pensa qu’il valait mieux, pour elle, rester ainsi enfermée en attendant Albinik, et que peut-être lui-même avait demandé que la tente fût clôturée jusqu’à son retour.

Méroë s’assit pensive sur le lit, pleine d’espoir dans l’entretien que son époux avait sans doute alors avec César. Tout à coup elle fut tirée de sa rêverie par un bruit singulier ; il venait de la partie située en face du lit. Presque aussitôt, à l’endroit d’où était parti le bruit, la toile se fendit dans sa longueur… La jeune femme se leva debout ; son premier mouvement fut de s’armer du poignard qu’elle portait sous sa saie. Alors, confiante en elle-même et dans l’arme qu’elle tenait, elle attendit… se rappelant le proverbe gaulois : — Celui-là qui tient sa propre mort dans sa main… n’a rien à redouter que des dieux !

À ce moment la toile qui s’était fendue dans toute sa longueur s’entr’ouvrit sur un fond d’épaisses ténèbres, et Méroë vit apparaître la jeune esclave maure, enveloppée de ses vêtements blancs.