Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/145

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mais, grâce à l’intervention de l’une de ses parentes, attachée au service de la princesse Marguerite, qui protège la réforme, Marie a été mise en liberté, son école rouverte. Cependant, les persécutions redoublant maintenant contre les hérétiques, je crains de nouveaux périls pour notre amie, dont la foi est inébranlable.

— Oui, la persécution redouble, — reprit M. Jean d’un air pensif ; et après un moment de silence, il ajouta : — Monsieur Christian Lebrenn, je peux, je le sais, m’ouvrir à vous en toute sincérité. Je suis étranger à Paris, vous connaissez cette ville ; est-il possible de trouver sans ses murs, ou hors de ses remparts, un endroit où l’on puisse réunir une centaine de personnes en secret et en sécurité ?

L’artisan réfléchit et répondit :

— Il serait difficile et dangereux de réunir dans l’intérieur de Paris un tel nombre de personnes. Le Gaînier, chef des espions du lieutenant criminel, déploie une infatigable activité pour découvrir et dénoncer toutes les réunions qu’il suspecte, ses agents sont partout répandus ; une assemblée si considérable éveillerait sans doute leur attention. Mais hors Paris, l’on n’aurait pas à craindre la même surveillance ; et peut-être pourrai-je vous indiquer un lieu sûr.

— Quel est-il ?

— Monsieur, avant de poursuivre cet entretien, je dois vous faire un aveu. Nous avons le projet, l’un de mes amis et moi, d’écrire et d’imprimer quelques feuilles volantes destinées à propager le mouvement de la réforme ; ces placards, répandus dans Paris ou affichés de nuit sur les murs, donneraient, nous l’espérons, quelque élan à l’opinion publique…

— Ce projet est excellent. Comptez-vous y donner suite ?

— Oui, monsieur. Un seul obstacle nous arrêtait jusqu’ici : trouver un endroit sûr, écarté, où nous pourrions établir, sans risquer d’être surpris, notre petite imprimerie ; mon ami a, je crois, découvert une localité convenable pour nos desseins, elle le serait peut-être aussi pour les vôtres.