Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/255

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» Enfermer dans un couvent et contraindre à y prononcer leurs vœux le fils et la fille (Hêna et Hervé), actuellement à Paris.

» Quant au plus jeune fils, Odelin, âgé de quinze ans et voyageant à cette heure en Italie avec maître Raimbaud, armurier (signalé comme hérétique), il faut attendre le retour de cet adolescent à Paris, suivre à son égard la même marche, l’enlever, le mettre au couvent, l’obliger à prononcer ses vœux ; il a quinze ans, et malgré le vice de son éducation première, il sera facile d’agir puissamment sur un enfant de cet âge en se comportant avec adresse. Si, contre toute probabilité, l’on ne réussissait point, on le retiendrait au couvent jusqu’à l’âge de dix-huit ans, et plus tard la condamnation pour crime d’hérésie irait de soi.

» J’insiste… il est important, très-important, non-seulement de détruire les manuscrits susdits, mais, encore une fois, de briser la détestable tradition de cette famille et de l’éteindre… soit en la livrant au bras séculier pour crime d’hérésie, soit en ensevelissant à jamais ses derniers rejetons dans l’ombre d’un cloître.

» Il faut bien se rappeler ceci : — il n’est point de petits ennemis ; — les causes les plus infimes, les plus basses, produisent souvent de grands effets ; — il suffit, à un moment donné, en un temps de rébellion, d’un homme de résolution pour entraîner le populaire. — Or, grâce à sa tradition séculaire et diabolique, la famille Lebrenn pourrait produire l’un de ces hommes-là.

» Si, par impossible, les mesures ci-dessus indiquées ne réussissaient point, si cette dangereuse race se perpétuait, il faut que notre ordre, dans son égale perpétuité, ait toujours l’œil ouvert… grandement ouvert sur ces Lebrenn, qui, certainement, seront toujours ou engendreront toujours de pernicieux scélérats.

» Cet exemple entre mille prouve l’indispensable nécessité des registres dont j’ai parlé. Je veux qu’il en soit tenu un dans chaque division provinciale par le provincial de notre ordre ; je veux que l’on inscrive en ce registre les noms des familles sur qui l’attention de