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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/262

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cieux et recueilli, puis frappé d’une idée subite, qu’il hésita d’abord à confier à Christian, il reprit après de nouvelles réflexions :

— Mon ami, vous connaissez comme moi la vie de Luther ?

— Oui, — répondit l’artisan très-surpris de cette question, — je la connais.

— Luther, moine, comme Ernest Rennepont, et ainsi que lui d’abord plein de foi dans l’Église romaine, s’est séparé d’elle, à la vue des monstrueux scandales dont il a été témoin…

— Sans doute.

— Croyez-vous Ernest Rennepont fermement décidé il embrasser la réforme ?

— J’ignore sa pensée à cet égard ; mais lorsqu’il m’a vu instruit de son amour pour Hêna, il s’est écrié : « — Ah ! monsieur, quel terrible plaidoyer en faveur de la réforme que ces douloureux événements !… Votre fille, enlevée à sa famille, jetée dans un couvent, exposée aux plus cruels traitements, a été contrainte par la violence de prononcer des vœux éternels, de renoncer aux saintes joies de la famille… Et moi, misérable moine, en aimant Hêna, j’ai commis un crime aux yeux de l’Église. Pourtant, Dieu le sait, la pureté de cet amour honorerait tout homme de bien qui ne serait pas forcé au célibat !… »

— Ces paroles sont peut-être d’un bon augure, mon ami.

— Que voulez-vous dire ?

— Revenons à Luther… Vous le savez, il s’est surtout, et dès le commencement de sa carrière de réformateur, élevé avec une puissante éloquence, avec une irrésistible logique, contre le célibat des prêtres… Ses ennemis ont menti en soutenant qu’alors il songeait au mariage qu’il a contracté depuis, et dans lequel il a montré les plus touchantes vertus familiales…

— Grand Dieu ! — s’écria Christian en interrompant M. Robert Estienne, — quel souvenir vos paroles éveillent…

— Achevez…