Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/279

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dant seul son sang-froid en présence de l’imminence du danger dont les autres personnages se sentaient consternés. — Cette grille est-elle solide ?

— Elle est solide et fermée… — répond le jardinier. — La clef est à la maison.

— Il faudra du temps pour forcer cette porte, — reprit le franc-taupin en réfléchissant. Et, s’adressant à Robert Estienne : — Y a-t-il une autre issue que cette grille pour sortir d’ici ?

— Aucune… le jardin est clos de murs.

— Sont-ils élevés ?

— De six pieds environ.

— En ce cas, — reprend l’aventurier, — rien n’est désespéré.

À ce moment, l’on entend au loin dans la direction de l’allée principale un bruit de voix criant :

— Ouvrez… au nom du roi, ouvrez !…

— Voilà les archers… mon pauvre père ! c’est fini de nous !… — murmure Hêna, frappée d’épouvante, en se jetant dans les bras de Christian.

— Je vais me livrer ! — s’écrie Ernest Rennepont en s’élançant vers l’allée ; — les archers ne pousseront peut-être pas plus loin leurs recherches…

Le franc-taupin saisit le fiancé d’Hêna par la manche de son froc, l’empêche de faire un pas de plus et dit au jardinier :

— As-tu une échelle ici ?

— Oui, monsieur.

— Cours la chercher…

Michel obéit, tandis que les archers redoublent leurs clameurs et menacent de forcer la grille si l’on ne l’ouvre pas.

— Monsieur Estienne, — dit l’aventurier, — vous et le pasteur, allez parler aux archers ; demandez-leur ce qui les amène chez vous à cette heure, retenez-les ainsi au dehors, gagnez du temps, je me charge du reste. Que j’aie seulement un demi-quart d’heure d’avance,