Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/28

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droits sur le duché de Milan au nom de son aïeule Valentine Visconti, héritière des souverains de cet État. En 1499, une armée française envahit le Milanais ; l’année suivante, Louis XII perd cette conquête, la reprend après de nouveaux combats, pour la reperdre plus tard. Les républiques d’Italie, celles de Gênes et de Venise, entre autres, possédaient d’immenses richesses dues à leur commerce et à leur industrie ; Louis XII, l’empereur d’Allemagne et le roi d’Espagne, envieux de cette opulence républicaine, dont ils veulent se partager les dépouilles, se liguent, le 10 décembre 1508, avec le pape Jules II, pour entreprendre cette pillerie (le pape Alexandre VI était mort empoisonné par un breuvage destiné par lui à deux cardinaux). Gênes et Venise succombent, elles sont mises à rançon après une héroïque résistance contre les forces écrasantes de leurs royaux larrons, assistés du pape. L’accord entre voleurs dure peu : Jules II, pontife sanguinaire, forcené batailleur, toujours casqué, cuirassé, toujours le glaive en main, déchaîne l’Europe contre la France ; Louis XII, au moment de combattre ce saint-père qui ne jurait que par la mort et le massacre, est saisi d’un pieux scrupule ; il lui semble sacrilège de guerroyer le vicaire du Christ ; mais rassuré par l’avis des doctes clercs qu’il consulte, il envoie une armée en Italie. Jules II excommunie les troupes de Louis XII et les combat à outrance ; le chevalier Bayard, grand homme de guerre, extermine à Ferrare les troupes du pape. Celui-ci foudroyant les Français par ses excommunications, à défaut de meilleure artillerie, Louis XII recule devant ces foudres papales, rappelle d’Italie son armée victorieuse, croyant par cette lâche retraite apaiser la colère du pontife. Loin de là, celui-ci, furieux d’avoir été vaincu, jure une haine implacable à la France, pousse contre elle les Suisses, les princes d’Allemagne ; et Louis XII perd, en 1512, toutes ses conquêtes d’Italie. L’année suivante, Jules II devient l’âme d’une nouvelle ligue composée de Henri VIII, roi d’Angleterre, et de Maximilien, empereur d’Allemagne ; les bandes aguerries des cantons suisses se joignent aux troupes de ces deux