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LES


MYSTÈRES DU PEUPLE


OU


HISTOIRE D’UNE FAMILLE DE PROLÉTAIRES


À TRAVERS LES ÂGES

Mon aïeul, Mahiet Lebrenn, l’Avocat d’armes, de retour à Vaucouleurs, est mort le 17 juin 1432, huit ans après mon père.

Moi, Allan Lebrenn, j’ai joint aux reliques de notre famille la légende de Jeanne Darc et le couteau de boucher qui a servi à façonner la croix que l’héroïne des Gaules pressa sur ses lèvres durant l’agonie de son martyre ; ma vie n’ayant offert aucun incident digne d’être rapporté, je consigne à la suite de la légende de Jeanne Darc le récit sommaire des faits qui se sont passés en Gaule jusqu’à cette année 1461 (soixante-deuxième année de mon âge), selon que je les ai entendu raconter.

Avant de commencer ce récit, je note ici une découverte qui date, dit-on, de l’an 1435, ou 1436 ; elle doit avoir un jour pour l’instruction et l’affranchissement de l’humanité des résultats incalculables. Jean Gutenberg, né à Strasbourg vers 1400, et plus tard établi à Mayence, où il s’est associé avec le libraire Faust et Schœffer l’orfévre, a trouvé le moyen de remplacer les livres écrits à la main par des livres imprimés, au moyen des caractères de l’alphabet fabriqués et fondus en métal, par le même procédé que les monnaies. Sur ces caractères mobiles, mais maintenus alignés dans des cadres et imbibés d’une couche d’encre, l’on applique une feuille de papier humide ; puis, à l’aide d’un instrument appelé presse, dont le pressoir des