Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/141

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vers son écuyer : — Fais amener les chevaux devant la porte du prieuré… Monsieur Lebrenn, je compte sur votre fils pour m’accompagner et porter mes ordres comme d’habitude.

— Le voici, monsieur l’amiral, — répond Odelin, voyant entrer Antonicq, auquel il dit vivement : — Et ce misérable ?

— Mon père, il a renouvelé ses aveux, accusant de nouveau le duc d’Anjou et son capitaine des gardes de l’avoir poussé à ce crime, dont il témoignait un profond repentir. Mais les soldats exaspérés ont fait sur l’heure justice de l’empoisonneur… ils l’ont pendu…

Un officier huguenot, couvert de poussière, paraît au seuil de la porte, et M. de Coligny lui dit :

— Je vous attendais, monsieur ; l’escarmouche est engagée ?

— Oui, monsieur l’amiral, quelques compagnies de l’armée royale, répondant à notre attaque, ont passé la petite rivière qui couvrait le front de leur camp.

— M. de La Rochefoucauld a dû feindre un mouvement de retraite vers la colline du Haut-Moulin, à l’abri de laquelle sont massés les vingt escadrons de reîtres du prince de Gerolstein ?

— Oui, monsieur l’amiral, au moment où il m’a dépêché près de vous, M. de La Rochefoucauld exécutait ce mouvement de retraite, et peu de temps avant l’engagement le prince était venu prendre le commandement de sa cavalerie.

— Tout va bien ! — dit Coligny à Lanoüe ; — les escadrons du prince ne doivent, selon mes ordres, se démasquer et charger qu’alors que les troupes royales, entraînées à la poursuite des nôtres, arriveront au pied de la colline.

— Monsieur l’amiral, M. de La Rochefoucauld m’a aussi commandé de vous faire part d’une nouvelle importante. Quelques prisonniers royalistes nous ont appris que ce matin la reine et M. le cardinal étaient venus rejoindre à son camp M. le duc d’Anjou…

L’amiral, instruit de l’arrivée de Catherine de Médicis, réfléchit,