Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/16

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saurez comment, par politique, elle ménagea et accabla tour à tour les Huguenots, dont elle voulut enfin l’extermination complète. Mais lorsque François II monta sur le trône, Catherine de Médicis n’était pas encore poussée par ses intérêts à ménager les réformés ; la persécution déchaînée contre eux par l’Église et par les Guisards, instruments des jésuites, atteignait les dernières limites de la férocité : aux exécutions juridiques succédaient des massacres accomplis par une populace aveugle et fanatique soulevée à la voix des moines. Les réformés, poussés à bout, se décident enfin d’en appeler aux armes pour défendre leur foi, leur vie, leurs familles, leurs biens. La Renaudie, gentilhomme du Périgord, homme actif, infatigable, se met en rapport avec les chefs protestants des diverses provinces de France, leur donne rendez-vous à Nantes ; ils s’y trouvent réunis le 1er février 1560. Là, il leur propose d’accepter pour général en chef de l’armée insurrectionnelle le prince de Condé, de se diriger sur Blois, où la cour séjournait alors, d’enlever les Guises, de les mettre en jugement et d’obtenir de François II la convocation des États généraux, qui, en assurant à chacun la liberté d’exercer son culte, mettrait terme aux atroces violences dont était victime l’Église nouvelle. Les projets de La Renaudie sont accueillis par la majorité des chefs réformés ; mais un traître, nommé Avenelle révèle leurs desseins au duc de Guise ; celui-ci fait aussitôt partir de Blois le roi et la cour et les conduit à Amboise sous bonne escorte. Plusieurs troupes de protestants, déjà en marche pour Blois, déroutés par ce changement de résidence, sont attaqués par des troupes postées sur leur passage par le duc de Guise ; d’autres réformés, avertis à temps, échappent à cette embuscade, s’introduisent dans Amboise par petites bandes ; ils sont saisis et exécutés sans forme de procès. « Il ne se passait ni jour ni nuit, — dit un témoin oculaire des faits, — que l’on n’en fit mourir un grand nombre, et tous personnages d’apparence ; les uns étaient noyés, les autres pendus, les autres décapités ; mais, chose étrange et inusitée sous toute forme de gouvernement, on les menait au