Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contour : ils renaissaient plus ardents, plus dévoués que jamais à la défense de leurs droits. Catherine de Médicis, de plus en plus persuadée que la paix et non la guerre offrait le seul moyen d’en finir avec les huguenots, songea dès lors résolument à l’exécution du projet infernal conçu par François de Guise à l’époque du triumvirat, et confié par elle au père Lefèvre ; elle fit faire à Coligny des ouvertures au sujet d’un nouveau traité de pacification ; cette offre fut écoutée. L’amiral et plusieurs chefs protestants, députés comme plénipotentiaires des huguenots, conférèrent longuement avec les envoyés de Charles IX ; et le 10 août 1570 fut signé, à Saint-Germain, un nouvel édit, le plus large qui eût jusqu’alors été accordé aux protestants. Le voici en substance :

« La mémoire de toutes choses passées de part et d’autre est abolie. — La liberté de conscience est implicitement accordée dans tout le royaume. — Personne ne pourra être désormais contraint à rien faire contre sa conscience au sujet de la religion. — Aucune distinction n’est établie entre les catholiques et les protestants pour leur admission dans les écoles, universités, hôpitaux, maladreries et autres établissements d’instruction ou de charité. — Nul ne pourra être recherché pour ses actes passés. — Coligny et les autres chefs protestants sont déclarés bons et fidèles sujets. — Les protestants sont aptes à posséder toutes charges royales, seigneuriales et municipales. — Les jugements rendus contre les huguenots seront à jamais effacés des registres judiciaires. — Enfin, pour garantir l’exécution de cet édit, Charles IX donnait en garde pour deux ans, aux princes de Navarre et de Condé et à vingt chefs protestants, les villes de La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité, places dites de refuge, pour ceux qui n’oseraient encore retourner dans leurs maisons[1]. »

Hélas ! ceux-là qui, selon l’édit, n’osaient encore retourner dans leurs

  1. Mémoires de l’État de France sous Charles IX, t. I, p. 5-12.