Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/19

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fluence qu’elle détestait et redoutait qu’en empoisonnant ce jeune prince… L’Italienne a commis tant d’autres crimes que le fait est vraisemblable. Son fils mort, elle opposa aux Guisards, par un revirement soudain de sa politique, ceux-là mêmes qui devaient être le lendemain victimes du fanatisme catholique : Antoine de Bourbon, le prince de Condé, Coligny, son frère Dandelot, et autres chefs considérables de la réforme. L’appui que Catherine de Médicis cherchait en eux contre les princes lorrains la fit forcément alors incliner vers les huguenots, et la convocation de l’Assemblée nationale, naguère si menaçante pour eux, leur donna, au contraire, de grandes espérances. Coligny exigea de la reine que Michel de L’Hôpital, l’un des plus beaux, des plus purs génies dont s’honore l’humanité, fût appelé aux fonctions de chancelier de France et ouvrît les États généraux ; l’Italienne, par crainte et haine des Guises, consentit à tout, même au bien, et l’Assemblée nationale fut convoquée pour le 13 décembre 1560. Les princes lorrains, stupéfaits, atterrés de la brusque résolution de la reine, faillirent, en cette circonstance, à leur audace accoutumée, ils se retirèrent dans leur principauté de Lorraine et dépêchèrent leurs agents à Philippe II et au pape, pour les instruire des dangers dont l’Église catholique était menacée, réclamant pour le soutien de la foi l’énergique appui de Rome et de l’Espagne. Les nominations des députés aux États généraux échappant à la pression des Guisards, les catholiques et les protestants se trouvèrent à peu près en nombre égal à l’Assemblée nationale ; elle fut ouverte à Orléans, le 13 décembre 1560, par le chancelier Michel de L’Hôpital. Son discours fut un noble et touchant appel à la sagesse, au calme, au patriotisme, à la concorde, il adjura les deux partis d’oublier leurs dissensions pour ne s’occuper que de leur devoir de citoyens. « — Renonçons, — leur dit-il, — à ces mots envenimés par les factions ; renonçons à ces noms de huguenots, de papistes ; conservons le nom de chrétiens. » — Les cahiers du tiers-état, contenant des réclamations nombreuses, révélaient un profond sentiment du bien