Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/197

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faire connaître quelques passages de cet écrit, ils seront peut-être d’un profitable enseignement pour notre descendance, si le sort la destine à gémir longtemps encore sous le joug de la tyrannie d’un seul… et peut-être nos fils, enflammés par ces brûlantes paroles, secoueront-ils leur servitude volontaire !)

Antonicq Lebrenn poursuivait donc ainsi la lecture du Contre-un, au milieu du profond silence de la famille réunie :

« ……… Il y a trois sortes de tyrans, je parle des méchants princes : les uns ont le royaume par l’élection du peuple ; les autres, par la force des armes ; les autres, par la succession de leur race. Ceux qui l’ont acquis par le droit de la guerre se comportent comme en terre de conquête ; ceux qui naissent rois ne sont communément guère meilleurs ; nourris dans le sang de la tyrannie, ils tirent avec le lait la nature du tyran et regardent leurs peuples comme des serfs héréditaires. Celui à qui le peuple a donné l’État devrait être (ce semble) plus supportable et le serait, comme je crois, si, se voyant dès lors élevé par-dessus les autres et flatté par je ne sais quoi que l’on appelle la grandeur, il ne prenait communément le parti de conserver la puissance que le peuple lui a baillée et de la transmettre à ses enfants.

» Ainsi, pour en dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre ces différents tyrans quelque différence ; mais de choix, je n’en vois point, la façon de régner étant quasi-semblable. — Les élus gouvernant comme s’ils avaient des taureaux à dompter ; — les conquérants regardant leur peuple comme leur proie ; — les rois héréditaires voyant dans leurs sujets des esclaves naturels. » (Pages 86-87. )

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« Pour parler à bon escient, c’est un extrême malheur d’être sujet à un maître duquel l’on ne peut être jamais assuré qu’il soit bon, puisqu’il est toujours en sa puissance d’être mauvais quand il voudra… Je ne veux pas, à cette heure, débattre cette question, à