Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/23

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l’exécution. Néanmoins, quelques nouveaux pas furent faits dans la voie de la destruction des abus : Catherine de Médicis, en haine et en crainte des Guises, soutenait au pouvoir Michel de l’Hôpital, protecteur des protestants, autant par respect pour le droit sacré de la liberté de conscience que par sympathie profonde pour la cause évangélique. Les exécutions juridiques sous prétexte d’hérésie cessaient ; et si la populace, fanatisée par les moines, massacrait encore des Huguenots, l’on recherchait les auteurs de ces meurtres. Cette trêve tacite dura quelques mois. Les réformés, pleins de confiance dans l’édit de tolérance, s’assemblaient paisiblement pour entendre leurs pasteurs ; calme décevant ! espérances trompeuses ! Philippe II et le pape Pie V, à qui les Guises, chefs du parti catholique, et la majorité des évêques de France se plaignirent avec amertume et violence de la criminelle faiblesse dont on usait envers l’hérésie, menacèrent Catherine de Médicis de l’excommunication et du soulèvement des catholiques du royaume si elle ne revenait pas à des mesures implacables contre la réforme ; le duc François de Guise et le cardinal de Lorraine, désormais certains de l’appui de Rome et de l’Espagne, voulant pousser les protestants à la révolte, afin de forcer Catherine de Médicis à sévir contre eux, entreprirent le massacre de Vassy… Voici, fils de Joel, le récit de ce carnage prémédité, accompli par les princes lorrains à leur retour de leur principauté, où ils s’étaient retirés courroucés de la faveur de Michel de L’hôpital ; ce récit m’a été donné par un témoin de cette monstruosité :

« Vassy est une petite ville appartenant au roi aux confins du duché de Barrois, du ressort de laquelle était de toute ancienneté la baronnie de Joinville, principale résidence du duc de Guise. L’église évangélique fut dressée à Vassy, le 12 octobre 1561, par un pasteur de Troyes en Champagne ; les catholiques, voyant le grand nombre des réformés merveilleusement accru, essayèrent premièrement d’épouvanter les fidèles en envoyant devers eux quelques hommes d’armes au commencement de novembre 1561 ;