Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/26

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Écriture est faite, et il n’y a qu’un an que ces livres sont imprimés ! Par la mort-Dieu ! tout n’en vaut rien !

S’ensuivent les noms de ceux que l’on a pu noter, tant des tués que des blessés, dont les uns moururent sur-le-champ, les uns après quelque temps de langueur, les autres demeurés impotents ; sans compter ceux, et le nombre en est bien grand, dont l’on n’a pu savoir les noms ; et nous avons voulu ici nommer les personnes, tant pour montrer la vérité du fait que pour montrer si c’est sans justice que ces réformés prirent enfin les armes défensives contre l’intolérable tyrannie des Guises. Voici donc les noms de ceux qui furent tués à Vassy : — La veuve Pierre-Denis Morisot, — Jean Moisy, — Jean de la Loge, — le valet du capitaine Claude Lejeune, — Jacques de Mongo, — Daniel, gendre de Colas Déchès, — Jacob Delavi, — Guillaume Huciel, — Poignant, gendre de Havé, — Guillaume Ardouin, etc., etc.[1]. »

Près de trois cents protestants furent tués ou blessés au massacre de Vassy ; la nouvelle de cette boucherie, selon les prévisions des princes lorrains, souleva d’indignation et d’horreur les réformés d’un bout de la France à l’autre. Il leur fallait, pour défendre leurs familles du massacre, courir aux armes ; cependant, une dernière fois, ils invoquent le recours des lois. Le prince de Condé expose leurs doléances à Catherine de Médicis, lui déclarant que refuser justice aux protestants, c’est les pousser à une révolte inévitable ; Théodore de Bèze, l’un des membres les plus considérables, les plus vénérés de l’Église évangélique, Michel de L’Hôpital, Coligny et Dandelot, son frère, joignent leurs instances à celles de Condé ; ils supplient la reine de ne pas exposer la France aux horreurs de la guerre civile par un flagrant déni de justice. Mais Catherine de Médicis, redoutant les menaces de Rome et de l’Espagne, et sentant que tolérer plus longtemps la réforme, c’est donner aux Guises, chefs du parti catholique,

  1. Théodore de Bèze, Chroniques ecclésiastiques, vol. I, p. 455-57. Lille, imprimerie de Leleu, 1841.