Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/302

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Cornélie, son père et Antonicq se hâtent de descendre le degré souterrain masqué naguère par la trappe ; ils viennent à peine de disparaître, laissant le franc-taupin et l’apprenti dans le réduit, lorsque ceux-ci entendent au dehors heurter violemment à la porte et une voix appeler :

— Fra‑Hervé ?… Fra‑Hervé ?…

— Tout à l’heure il criait : À l’aide ! à la trahison ! — ajoute la voix du marquis de Montbar. — Il ne répond rien… Cette sorcière est capable d’avoir étranglé le révérend !…

Et les voix continuent de crier au dehors : — Fra‑Hervé ?… Fra‑Hervé ? — Impossible d’entrer chez lui ! — La porte est verrouillée en dedans !

— Vite, des leviers, une hache… ou qu’on enfonce cette porte à coups de crosse d’arquebuse, — reprend la voix du marquis de Montbar. — Courez avertir quelques soldats de ma compagnie ; nous vous attendons ici !

— Oh ! oh ! — dit le franc-taupin, après avoir silencieusement écouté ce qui venait de se dire en dehors de la porte, dont il s’était rapproché, — les royalistes se convient en grand nombre au régal que je leur mitonne ! Pourquoi non ? Quand il y a du brouet pour cinq convives… il y en a pour dix, selon la ménagère économe… Et, voire ! il foisonne à ce point, mon brouet ! il est si succulent ! si truculent, qu’il n’en faut qu’une écuellée pour rassasier à jamais vingt ou trente personnes !

— Maître Joséphin, voici la machinette à escarbouillade, — dit tout bas Serpentin tirant d’un bissac suspendu à son épaule et remettant au franc-taupin une lourde boîte de fer, longue environ d’un pied sur six pouces de hauteur et de largeur. Cette boîte, bourrée de poudre, boulonnée solidement, est percée en son milieu d’une étroite ouverture donnant passage à une mèche soufrée. Le franc-taupin prend ce redoutable pétard, dont il s’était précautionné à toute occasion ; examine attentivement la structure de la porte, et, après