Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/317

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» IX. — Ceux qui refuseront d’entrer en ladite association seront réputés pour ennemis d’icelle et poursuivables par toutes sortes d’offenses et de molestes.

» X. — Chacun des affiliés prêtera le serment suivant :

» Je jure Dieu le créateur, la main sur les sacrés Évangiles et sous peine de damnation éternelle, que je suis entré dans cette sainte association catholique, selon les formes de l’acte qui m’a été lu précédemment, et que je me conduirai loyalement, sincèrement, soit pour commander, soit pour obéir et jure sur ma vie et mon honneur de m’y consacrer jusques à la dernière goutte de mon sang, sans contrevenir à la Ligue ou m’en retirer sous quelque commandement, prétexte, excuse ou occasion que ce soit[1]. »

Le pacte du triumvirat étendu, développé de la sorte par les Jésuites avec leur art diabolique, leur assurait d’inestimables avantages ; ainsi : la Ligue proclamait un chef suprême de l’union catholique, nommait des gouverneurs particuliers et secrets, dans chaque province, pouvoirs occultes qu’elle opposait au pouvoir du roi et de ses officiers. En ceci, la Ligue imitait l’organisation fédérale protestante. Frappés du progrès croissant de ces idées républicaines, plus ou moins absolues, non-seulement parmi les huguenots, mais parmi les catholiques modérés, connus sous le nom de politiques, les disciples de Loyola s’étaient rappelé les paroles de leur maître : « — Si le populaire et la bourgeoisie vous font obstacle, écrasez-les en vous unissant à la seigneurie et à la royauté ; si celles-ci vous menacent, déchaînez contre elles le populaire et la bourgeoisie ; de sorte, qu’au milieu de ces luttes, de ce chaos anarchique, l’Église de Rome, toujours unie, toujours debout, quoiqu’elle prête aujourd’hui son concours à ceux-ci, demain à ceux-là, dans le but de les exterminer les uns par les autres, l’Église de Rome finira

  1. Voir pour le texte constitutif de la Ligue : La Popelinière, t. II, p. 550 ; D’Aubigné, col. 830-832 ; De Thou, t. III, p. 408 ; d’Avila, t. I, p. 585 ; Palma Gayet, introd. à la Chronique novennaire, p. 45.