Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/319

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d’Alençon, frère du roi, soit mis en jugement, pour le crime de lèse-majesté divine et humaine qu’il a commis en pactisant avec les hérétiques. — Le jour où ladite requête sera formulée par les États généraux, la Ligue prendra les armes, dans tout le royaume, afin de se saisir du frère du roi et de ses complices et d’exterminer partout les hérétiques. — Le lendemain de la victoire, le frère du roi et ses complices châtiés, ainsi qu’ils doivent l’être, M. le duc de Guise, par l’avis et permission du Saint-Père, enfermera le roi Henri III dans un monastère. Ledit duc de Guise sera proclamé roi de France, les libertés de l’Église gallicane abolies et le saint-siège ainsi pleinement reconnu et restauré[1]. »

Vous le voyez, fils de Joel, la soif du meurtre est inextinguible chez ces prêtres de Rome. Le sang de la Saint-Barthélemy, en les enivrant, les altérait encore. Il leur fallait un nouveau massacre. Les huguenots, afin d’éclairer leurs frères, sur les nouveaux périls dont on les menaçait, publièrent le mémoire daté de Rome et trouvé dans les papiers de l’avocat défunt. Henri III vit d’abord dans cette publication une imposture inventée par les protestants, afin de nuire aux papistes ; mais l’ambassadeur de France en Espagne, Jean de Vironne de Saint-Goar, expédia au roi une copie identique du même mémoire, envoyé du Vatican à Philippe II et approuvé de tout point par ce pieux monarque. Le duc de Guise, aussitôt mandé par Henri III, nie effrontément avoir eu connaissance du traité, ne voulant lever le masque qu’après la convocation des États généraux, qu’il savait devoir être, en majorité, composé de ligueurs. Mais cette majorité, malgré l’effrayante pression du parti catholique, fut numériquement très-faible et requit néanmoins le roi (26 décembre 1576) d’interdire en France la religion réformée. Les protestants, nonobstant les arrêts, continuant de tenir la campagne, sous les ordres de Henri de Navarre et du prince de Condé, remportent des avantages consi-

  1. Mémoires de la Ligue, t. I, p. 1-71.