— M. de Tavannes négocie secrètement avec M. de Coligny.
— C’est possible… car chargé d’arrêter M. de Coligny à son château de Châtillon, avant la révocation de l’édit de Longjumeau, qui devait amener la nouvelle prise d’armes des réformés, M. de Tavannes a fait avertir M. de Coligny que sa sûreté était menacée… aussi a-t-il pu se réfugier à La Rochelle… Mais quel serait le but des négociations de Tavannes avec Coligny ?
— Engager monseigneur le duc d’Anjou, fils de Votre Majesté, à embrasser la réforme…
— Mon fils d’Anjou ?
— Oui, madame ; et à ce prix, l’empereur d’Allemagne et M. de Coligny assureraient à monseigneur le duc d’Anjou la souveraineté des Pays-Bas, de la Saintonge et du Poitou. Ce complot ne manque point d’une perfide habileté ; on espère, grâce à la perspective d’une couronne, exalter la jalousie du jeune prince contre son frère régnant, S. M. Charles IX.
— Monsieur le cardinal, cette accusation est grave… Êtes-vous certain de ce que vous avancez ?
— Très-certain, madame ; cette trame a été révélée au roi Philippe II par l’un de ses agents des Pays-Bas ; S. M. catholique m’en a donné avis, et en même temps, afin de mettre à néant ces coupables projets, S. M. catholique m’a fait faire la proposition suivante :
— Voyons les propositions de S. M. catholique.
— Ce grand prince et le saint-père offrent à Votre Majesté, en outre des cinq mille soldats vallons et italiens venus dernièrement renforcer notre armée, d’envoyer six mille hommes de plus, à la condition que Votre Majesté mettra M. de Tavannes à l’écart et donnera le commandement en chef des troupes à M. le duc d’Albe ; sa haine implacable de l’hérésie serait un sûr garant de l’énergie qu’il déploierait dans cette lutte décisive contre les huguenots.
— Ainsi, — fit Catherine de Médicis en attachant son regard pro-