Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/71

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— Vous êtes le père Lefèvre ? — dit la reine ; — vous appartenez à la compagnie de Jésus ?

— Oui, madame.

— Notre saint-père et le roi d’Espagne vous ont chargé d’une mission près de moi ?

— Oui, madame.

— Je vous écoute.

— Madame, le saint-père et S. M. Philippe II sont fort malcontents…

— De moi ?

— De vous, madame.

— Ah !… Et le sujet de ce mécontentement ?

— Madame, la guerre contre les hérétiques se poursuit sans vigueur, sans ensemble, l’on n’en finit point avec eux ; prisonniers, on les épargne souvent, on se montre accommodant, il faudrait se montrer impitoyable… La patience de notre saint-père se lasse ; les fidèles s’indignent et s’irritent… Veuillez, madame, prendre connaissance de cette lettre de Sa Sainteté.

Le révérend père Lefèvre tire d’un étui de soie une cédule scellée du sceau pontifical, la porte respectueusement à ses lèvres, puis la remet à Catherine de Médicis ; elle rompt les sceaux et lit ceci :


« Madame et chère fille,

» En aucune façon et pour aucune cause que ce soit, il ne vous faut épargner les ennemis de Dieu. J’ai ordonné au commandant de mes troupes, M. le comte de Santa-Fiore, de faire tuer sur place tous les huguenots qui tomberaient entre les mains de ses soldats ; aucun respect humain touchant les personnes et les choses ne doit donc vous induire en la pensée d’épargner les ennemis de Dieu, qui n’ont jamais épargné ni Dieu, ni vous-même. Ce n’est que par l’entière extermination des hérétiques que le roi pourra