mon mouchoir, afin d’essayer la sueur dont mon front ruisselait, lorsque je suis parvenu à me dépêtrer du milieu de cette populace.
— Je suis désolée de la perte de cette lettre… Quelque indiscret peut la lire, et, vous me comprenez, l’abbé…
— Que trop, marquise ! que trop ! Aussi, par deux fois, je suis revenu sur mes pas, mais impossible de la retrouver ! Pour comble de malheur, elle était décachetée, de sorte que l’homme le plus scrupuleux aura pu y jeter les yeux…
— En vérité, ma tante, — dit mademoiselle de Plouernel, — je ne conçois pas la vive anxiété que vous cause, ainsi qu’à M. l’abbé, la perte d’une lettre probablement écrite à mon frère, afin de lui apprendre la cause du retard de notre arrivée en Angleterre…
— Il est des choses, ma nièce, dont vous ne pouvez apprécier la portée, — répondit madame du Tremblay, — qu’il vous suffise de savoir que la perte de cette lettre est de tout point regrettable.
Le laquais de la marquise entrant en ce moment, après avoir gratté à la porte du salon, dit à sa maîtresse :
— Madame, un homme est là, qui demande à parler sur le champ à M. l’abbé, au sujet d’une affaire importante.
— Quel homme est-ce ?
— C’est un Français, madame.
— A-t-il l’air d’un gentilhomme ?
— Oui, madame, il porte l’épée.
— Marquise ! — dit vivement l’abbé, frappé d’une idée soudaine, — peut-être ce personnage a-t-il trouvé ma lettre, et il vient me la rapporter…
— Comment cet étranger saurait-il votre adresse ?
— N’ai-je point écrit à Raoul que nous logions chez M. de Tilly ?
— Mais en ce cas, l’abbé, — reprit la marquise avec un accent d’extrême appréhension, — cet homme aurait lu la lettre !
— Malheureusement…