Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/14

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ce prince pour leur souverain légitime, sa déchéance est proclamée par la Sorbonne. Cependant le Parlement proteste ; ses membres sont mis, le 16 janvier, à la Bastille, et les Seize instituent un nouveau parlement ; grand nombre de villes proclament également la déchéance de Henri III. Le 12 février, le duc de Mayenne, frère du Balafré, se rend à Paris ; il y est reconnu chef de la Ligue et mis à la tête du conseil général de l’Union catholique. Le roi, épouvanté de ce déchaînement populaire, tente et effectue un rapprochement avec Henri de Béarn, qui, tenant toujours la campagne à la tête de l’armée protestante, battait souvent et rudement les ligueurs. La Ligue catholique, malgré ses faux semblants républicains, masque de circonstance, était toujours l’exécrable parti de l’étranger, le parti du pape et de Philippe II, le parti du démembrement de la France au profil de l’Espagne, le parti de l’asservissement de la France au profit de Rome, où se dressait, bien au-dessus du trône pontifical, le spectre du général des jésuites. Henri de Béarn et les chefs protestants agirent donc avec sagesse, avec patriotisme, en s’unissant aux troupes royales afin de vaincre d’abord le parti de l’étranger ; viendrait ensuite pour les huguenots l’heure de faire justice de Henri III, cet assassin couronné, qui n’eût dû régner qu’à Gomorrhe ! L’armée royale et l’armée protestante, unies sous les ordres du Béarnais, battent les ligueurs devant Senlis ; marchent sur Paris, s’emparent du pont de Saint-Cloud, le 31 juillet 1589, et y établissent leur quartier général. Mais le 1er août de cette même année (1589), le châtiment vengeur atteignait une fois de plus le crime… l’assassin du duc de Guise est à son tour assassiné… Le moine Jacques Clément, exalté par les prédications du clergé, qui poussait au meurtre du dernier des Valois, planta son couteau dans le ventre de Henri III. J’ai lu dernièrement (moi, Antonicq Lebrenn, qui écris ces lignes) le récit de cet assassinat ; le voici :

« — 1er août 1589. — Le mardi de ce mois, un jeune religieux, prêtre de l’ordre de Saint-Dominique, dit Jacobin, né à Sorbonne,