tance possible, par deux régiments soutenus de cavalerie et d’artillerie. Les exécutions commencèrent : le premier jour, quarante-sept bourgeois notables furent pendus, et onze hommes du peuple, signalés comme les plus séditieux, roués vifs…
— Mon Dieu ! — s’écria mademoiselle de Plouernel avec épouvante, — que de sang ! que de sang !
— Un impôt de cent mille écus fut frappé sur la ville et exigible par les soldats en quarante-huit heures ; puis l’on afficha un arrêt du gouverneur de Bretagne condamnant à mort tous ceux qui donneraient asile aux chefs des révoltés, et parmi les noms de ces chefs, dont la tête était mise à prix…
Le vieil écuyer n’ose pas achever ; mademoiselle de Plouernel ajoute :
— Parmi ces noms se trouvaient les noms de MM. Lebrenn ?…
— Oui, mademoiselle.
— Cela doit être… — dit Berthe avec un calme dont le vieil écuyer reste stupéfait. — Et, à Nantes, vous n’avez pu retrouver les traces de MM. Lebrenn ?
— Non, mademoiselle… Dès lors, j’ai pensé que je n’avais plus qu’à revenir vous apprendre le peu de succès de mon voyage… Mais, hélas ! en traversant la Bretagne…
— Achevez…
— Ah ! mademoiselle, quel lamentable spectacle ! partout le pillage, la désolation, les supplices ! Les soldats traitent la Bretagne en pays conquis, exercent les mêmes rapines, les mêmes cruautés qu’en Flandre ! J’ai vu sur les routes presque autant de potences que d’arbres ! Les paysans sont torturés, massacrés ; ceux qui fuient dans les bois y sont traqués, chassés, tués comme des bêtes fauves par les soldats ! Ils n’épargnent ni les vieillards ni les enfants ; les femmes sont livrées aux derniers outrages ! Enfin, il règne dans les campagnes une telle terreur, qu’hier, en passant à Lesneven, où entrait une compagnie de soldats, j’ai vu une vingtaine de paysans se jeter