Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/129

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poitrine, ferme les yeux ; mais bientôt il entrouvre imperceptiblement les paupières et remarque, sur la table placée près de lui, des plumes, de l’encre et quelques feuilles de papier couvertes d’une écriture fraîchement tracée.

— J’ai été bien inspiré en demandant à dormir ici… Rappelons-nous sans rien oublier les ordres de mon doux parrain… — pensait le petit Rodin au moment où la femme du Juif rentrait portant un manteau et un coussin.

— Allons, cher petit, — dit-elle, — viens, je vais te coucher.

L’enfant ne bougea pas, simulant un profond sommeil.

— Pauvre créature… la voici déjà endormie… je vais la porter… — dit Bethsabée ; puis enlevant le petit Rodin entre ses bras, elle l’étend sur le coffre pendant que Samuel place le coussin sous la tête du garçonnet et le couvre du manteau. Ces soins remplis, il prie sa femme d’achever d’écrire la note destinée à leur cousin Lévy. Mais ayant été troublé dans cette rédaction par de fréquents dérangements, Samuel, afin de bien coordonner la fin de ses instructions et de ne point tomber dans les redites, engage sa femme de lui relire le commencement de la note, après quoi il la complète pendant que l’enfant semble si profondément endormi, que ses ronflements sonores attirent plus d’une fois l’attention du Juif qui, interrompant sa dictée, disait à sa femme :

— Pauvre petit, comme il dort d’un bon sommeil !

Samuel s’occupait de relire à haute voix la note écrite par Bethsabée, lorsqu’il entend le veilleur frapper de nouveau à la porte du couloir.

— Samuel… — dit la Juive pâlissant et tressaillant, — cette fois le veilleur nous donne le signal d’alarme…

— D’alarme… non… mais le signal de nous tenir sur nos gardes, — répond le Juif attentif. — Rassure-toi… chère femme, je vais m’informer de quoi il s’agit.

Samuel se dirige vers la porte, ouvre le guichet et dit au veilleur :