Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/146

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— Les avez-vous châtiés… ces soldats ?

— Il m’a été malheureusement impossible de les découvrir malgré les ordres donnés par moi à mes prévôts.

— Quoi ! comte… pas le moindre indice ?

— Pas le moindre… Toutes les investigations ont été vaines.

— Et ce châtiment exemplaire formellement promis à la marquise… elle ne l’a pas réclamé de vous ?

— Elle n’y a plus songé, sans doute.

— Elle ne vous a plus reparlé de ce fait ?

— Non.

— Voilà qui est étrange… Elle, si sensible à cet outrage… qu’elle vous avait mandé chez elle, afin d’obtenir réparation, vous déclarant que, si elle ne l’obtenait point, elle vous regarderait comme indigne d’être gentilhomme…

— Le souvenir de cet outrage sera sorti de la mémoire de la marquise… et après un premier mouvement d’emportement… elle a renoncé à une vengeance au-dessous d’elle.

— C’est fort chrétien… Mais tenez, comte… voulez-vous connaître toute ma pensée ?

— Je vous écoute…

— Cet outrage était imaginaire.

— Qu’est-ce à dire ?

— La marquise a cherché et trouvé un prétexte d’avoir avec vous une première entrevue.

— Allons, l’abbé, vous déraisonnez.

— Point… point…

— Mais à quoi bon… et dans quel but eût-elle cherché le prétexte de s’entretenir avec moi ?

— Je vous l’apprendrai, comte… car je devine la fin de l’aventure… Vous avez revu souvent la marquise ?

— Chaque jour.

— Vous êtes devenu amoureux d’elle ?