Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/159

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le duc. — Cependant, madame la marquise, il me semble peut-être hasardé… si du moins je ne m’abuse point sur le sens de vos paroles… de prétendre, dis-je, que le roi, notre maître…

le marquis, riant. — Hi, hi… d’un côté le roi révolutionnaire… de l’autre le peuple souverain… quelles drôleries !… quel gâchis !… Hi, hi, hi !

victoria. — Le roi Louis XVI est le premier, le pire… le plus condamnable et damnable des révolutionnaires !

le cardinal. — Madame, permettez…

victoria. — Ce que je dis, je le maintiens… je le prouve… Accordez-moi dix minutes d’attention…

le comte de plouernel. — Pouvez-vous douter, marquise, du bonheur que nous avons à vous entendre ?

victoria, amèrement. — Ah ! ce que je veux éveiller en vous, c’est la brûlante confusion du remords… car vous tous qui représentez ici la noblesse et le clergé, vous êtes presque aussi coupables que le roi.

le vicomte de mirabeau. — Vive Dieu ! marquise, je suis de votre avis, je m’exécute le premier en disant bien haut mon meâ culpâ. Il y a six mois, la noblesse aurait dû monter à cheval et, que le roi y consentît ou non, courir sus à la révolution.

l’abbé morlet, partageant presque malgré lui l’exaltation de M. de Mirabeau. — Il y a six mois que les curés auraient dû exalter, soulever leurs ouailles et leur mettre les armes à la main au son du tocsin, comme au temps de la sainte Ligue, car les Valois aussi… étaient les véritables ennemis de l’Église et de la royauté.

victoria. — Nous nous entendons, monsieur l’abbé… nous nous entendons, monsieur le vicomte de Mirabeau…

le duc. — Mais nous autres moins perspicaces, nous confessons l’infirmité de notre entendement.

le marquis, riant. — Nous sommes là comme des coccigrues… hi, hi, hi… moi, le duc aussi, et le cardinal aussi…