Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roi, est l’âme de cette nouvelle et formidable coalition, soulevée par la révocation de l’édit de Nantes ; car, ainsi que vous le verrez, fils de Joël, cette monstruosité devait bientôt subir un châtiment inexorable ! L’Allemagne et l’Autriche jugent le moment opportun pour s’affranchir de la suprématie politique de la France. L’Espagne catholique elle-même s’apprête à prendre part à la lutte, et Rome, malgré le sanglant holocauste que vient de lui offrir Louis XIV en persécutant les protestants jusqu’à la mort, ne peut pardonner à ce roi très-catholique son schisme gallican, et souffle le feu de la guerre. Le 16 juin 1686, un an à peine après la révocation de l’édit de Nantes, la Suède et la Hollande renouvellent leurs traités d’alliance offensive et défensive, s’engageant à défendre la liberté religieuse contre les fanatiques des États voisins (Louis XIV et Jacques II). — Le 9 juillet 1686, l’empereur d’Autriche, les rois d’Espagne et de Suède, l’électeur de Brandebourg, les cercles de Bavière et de Franconie, les princes de Saxe et des États du Haut-Rhin, signent un pacte secret contre Louis XIV, invoquant dans ce traité d’impérieuses nécessités de sûreté publique, déclarant vouloir maintenir la scrupuleuse observance des traités de Westphtalie, de Nimègue et de la trêve de Ratisbonne, si souvent violés par Louis XIV ; l’empereur s’engage, dans le cas où l’un des signataires du traité serait attaqué, à donner le signal de la guerre en marchant au secours de l’allié en péril. Les princes restés étrangers à la coalition pourront plus tard y adhérer. Tels furent les motifs et le but de la célèbre ligue d’Augsbourg, qui porta un coup irréparable à la monarchie de Louis XIV, et fut si funeste à la France. En 1688, ce potentat, ce demi-dieu, cet immortel à qui l’imbécile et lâche idolâtrie de La Feuillade élevait une statue votive, entourée de lampadaires sans cesse allumés, faillit mourir d’une fistule au fondement, suite de ses débauches ; mais revenu à la santé, il lance un manifeste contre l’empereur, le 24 septembre 1688, et la guerre est déclarée. Elle dura neuf ans. Ses conséquences furent désastreuses, et, par un juste retour de for-