Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/319

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sacraient l’oppression et les rapines féodales ou cléricales. Ce soulèvement général des villes, des campagnes contre le pouvoir royal, contre ces affreux privilèges que la noblesse et le clergé appelaient arrogamment leurs droits, jette la consternation, l’épouvante dans le côté droit de l’Assemblée nationale. Là siégeaient, parmi les plus violents ennemis de la révolution, le vicomte de Mirabeau, Cazalès, l’abbé Maury, intraitable et fougueux apôtre des droits de son ordre, et qui, lors de l’abolition de la dîme, vociférant en énergumène à la tribune, s’attira cette énergique apostrophe partie des tribunes publiques : — « Messieurs du clergé, l’on vous rase… si vous vous remuez tant… prenez garde… vous vous ferez couper ! »

Au centre de l’Assemblée, appelé tour à tour la plaine ou le marais, l’on remarquait Malonet, Lally-Tollendal, Mounier, etc., etc. Le centre, sans conviction arrêtée, votait, selon l’occurrence, avec la droite ou la gauche. La gauche était presque entièrement composée de députés du tiers état ; parmi les plus illustres l’on citait : Siéyès, Duport, Barnave. La noblesse avait aussi de ce côté ses représentants. Le plus illustre fut Mirabeau (l’aîné), grand tribun et grand corrompu ; puis venaient le duc d’Orléans, le marquis de La Fayette… les comtes de Lameth. À l’extrême gauche se tenait un député presque toujours isolé, alors obscur et presque inconnu, bien que Mirabeau l’eût, devinant son génie, caractérisé en ces termes : — « Cet homme ira loin… Il croit à ce qu’il dit. » — Cet homme, malgré ses farouches défiances, de graves erreurs de conduite politique, devait être l’une des gloires les plus pures, les plus fécondes, les plus éclatantes de la révolution ; lui et ses amis sauvèrent la république, de même qu’ils sauvèrent la France de l’invasion étrangère tant qu’ils furent au pouvoir ; cet homme se nommait Maximilien de Robespierre, avocat du barreau d’Arras. Il prit, je crois, pour la première fois, la parole dans la séance du 21 juillet 1789, il répondait à M. de Lally-Tollendal ; celui-ci, effrayé du mouvement irrésistible, universel, qui soulevait les villes et les campagnes de