Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/34

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d’une foule de taxes déjà existantes, prélevait le septième des revenus bruts des propriétaires : malgré cette nouvelle exaction, le trésor ne payait ni les rentes ni les offices, l’armée restait souvent sans solde. La France ruinée, dépeuplée, n’ayant plus ni sang, ni or à donner pour la continuation de cette guerre désastreuse, le grand roi est forcé de demander une troisième fois humblement la paix. De nouvelles conférences s’ouvrent le 29 janvier 1712, et après plus d’une année de négociations, la paix est signée, le 11 avril 1713, avec l’Angleterre, la Hollande, la Prusse, la Savoie et le Portugal. Cette paix imposait à Louis XIV les concessions les plus funestes. La France perdait dans l’Amérique du Nord les importantes possessions qui lui assuraient presque exclusivement le commerce des pelleteries. Elle perdait aussi la grande île de Terre-Neuve ; le Canada, désormais enclavé au milieu des colonies anglaises, restait à leur merci ; aux Antilles, l’île de Saint-Christophe était aussi abandonnée à l’Angleterre. En Flandre, la France perdait d’importantes places fortes : Tournay, sur l’Escaut ; Menin, sur la Lys ; Ypres, Furnes, et, dommage incalculable, au point de vue militaire, commercial et maritime, Dunkerque, le port le plus considérable des côtes du Nord, devait être anéanti. Les Hollandais obtenaient non-seulement toutes les places exigées par eux lors des précédentes conférences, afin de couvrir leurs frontières, mais ils s’assuraient d’énormes avantages par une convention commerciale particulière. La Savoie et Nice sont concédées au duc de Savoie. L’empereur d’Autriche, n’ayant pas obtenu ce qu’il réclamait de Louis XIV, continue seul la guerre jusqu’au 7 mars 1714. Malgré la paix générale, qui depuis cette époque règne en Europe, la France épuisée ne peut se relever de sa ruine. En 1715, la situation du pays est devenue telle, qu’elle ne peut plus empirer. Le crédit public et le crédit privé sont anéantis, les revenus de l’État dévorés par une anticipation de plusieurs années. La moitié des terres restant incultes, la disette sévit de nouveau ; le peuple et l’armée affamés se soulèvent en demandant du