Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/5

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de notre famille plébéienne, les événements historiques importants de la fin du siècle du grand roi, ainsi que la bassesse des courtisans a surnommé l’orgueilleux despote, le cruel fanatique qui règne à cette heure sur la France…

À toi, mon fils Alain, né de mon second mariage, contracté à Amsterdam en 1680 avec ma chère Wilhelmine Vandaël, veuve d’un armateur dont j’ai longtemps commandé le vaisseau ; à toi, mon fils Alain, je lègue les légendes et reliques de notre famille. Puisses-tu les transmettre à notre descendance ! Puisses-tu un jour quitter la république de Hollande, terre d’asile et de liberté pour les bannis, et retourner en France lorsque s’accompliront les prophéties de Victoria la Grande, la femme empereur qui, il y a seize siècles et plus, au moment de mourir, en présence de son frère de lait, notre aïeul Scanvoc’h le soldat, vit l’avenir se dévoiler à ses yeux. Sublime avenir ! notre mère patrie affranchie, régénérée, foulant d’un pied libre et vainqueur le joug de l’Église de Rome et de la royauté franque ! double joug sous lequel depuis tant de siècles la vieille Gaule est asservie.

Puissiez-vous voir bientôt se lever l’aurore de ce grand jour, fils de Joël ! Alors que, répudiant le nom étranger que lui a imposé la conquête franque, la mère patrie, revendiquant son nom séculaire, son nom national de République des Gaules, s’abritera sous les plis glorieux de son antique drapeau rouge, surmonté du coq gaulois !


À la suite de la tentative infructueuse des révoltés de Bretagne (1675), le Roussillon, non moins appauvri, non moins exaspéré que les autres provinces par l’énormité des impôts, par les exactions, par les violences des gens de guerre, le Roussillon s’insurge à son tour. Cette insurrection, ainsi que celle de Bretagne, est noyée dans le sang. La guerre continue ; souvent brillante au point de vue militaire, toujours stérile ou désastreuse pour les véritables intérêts du pays. L’un