Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/61

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roi, et de renverser violemment tout ordre légal moyennant l’expédient des lits de justice. » — Le Parlement déclarait enfin que « la vérification des lois par ses membres est une de ces lois qui ne peuvent être violées sans violer en même temps la loi au nom de laquelle les rois existent, sinon l’on compromet à la fois l’autorité du roi et la constitution la plus essentielle, la plus sacrée de la monarchie. »

La cour des aides, présidée par un grand homme de bien, Malesherbes, joignait en ces termes ses remontrances à celles du Parlement :

« — La cour des aides se refuse à croire que si l’on eût mis sous les yeux du roi ses promesses solennelles, il n’eût jamais pu prendre sur lui de se contredire si ouvertement, et si l’on taxe d’exagération la peinture de la misère affreuse des campagnes, les cours supplieront alors le roi d’écouter ses peuples eux-mêmes par la voix de leurs députés dans une convocation des états généraux. »

Ce premier appel à la convocation des États généraux, qui devaient quinze années plus tard précipiter la chute de la monarchie et amener l’avènement de la république, fut l’un des symptômes précurseurs de l’immortelle révolution de 1789 ; mais cet appel n’eut alors d’autre conséquence immédiate que celle d’affermir le parlement de Paris et ceux des provinces dans leur énergique résistance aux abus du pouvoir royal. Le duc de Choiseul, chef du conseil du roi, dut obtempérer en apparence à ces remontrances, il promet l’allégement de quelques impôts et demande à la cour des aides de formuler ses demandes en projet de réforme. Sur ces entrefaites, le parlement de Toulouse décrète de prise de corps le duc de Fitz-James, gouverneur du Languedoc et pair de France. Choiseul saisit cette occasion de mettre en opposition, afin de les ruiner les uns par les autres, le parlement de Paris et ceux des provinces. En effet, les chambres de Paris out la faiblesse de céder aux suggestions de Choiseul et cassent l’arrêt du parlement de Toulouse ; blâmant néanmoins