Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/87

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et léguer cette gérance et cette rétribution à son fils, ou, en cas de mort de celui-ci, à l’un de ses parents ou coreligionnaires dont il connaîtrait la probité, et qui accepterait d’autant plus aisément cette mission, qu’il serait gratuitement logé dans cette maison et prélèverait chaque année deux mille livres de rémunération.

» Telle est la solidarité qui nous lie et fait notre force, à nous autres israélites, que mon aïeul, à défaut de son fils, eût trouvé un mandataire fidèle ; mais Dieu a voulu que mon père Isaac pût s’acquitter lui-même de cette dette de reconnaissance envers le bienfaiteur de notre aïeul, et que, à mon tour, je puisse accomplir cette mission sacrée.

» Le but de M. Marius Rennepont, en nous léguant le soin de capitaliser ainsi pendant plus d’un siècle et demi les intérêts du dépôt qu’il confiait à notre aïeul, était de laisser à la troisième ou quatrième génération de ses héritiers une fortune énorme dont il se réservait de régler l’emploi lors de l’ouverture de son testament, dont ses descendants doivent avoir communication dans quarante-trois ans… le 13 février 1832, ici, en cette maison, dont la porte restera murée, les fenêtres scellées jusqu’à cette époque… »

Samuel est interrompu dans sa dictée par le bruit de nouveaux coups frappés en manière de signal à la petite porte. Il disparaît un moment et revient bientôt disant à sa femme :

— Nous allons suspendre notre dictée ; nous la reprendrons plus tard.

— Pourquoi l’interrompre ?

— Le prince Frantz de Gerolstein vient d’arriver avec un nouvel affilié ; il l’a laissé pour quelques instants dans le jardin pendant qu’il se rendait au temple… Il désire entretenir tout à l’heure, ici, dans cette chambre, la personne dont il est accompagné, afin de l’interroger sans doute une dernière fois avant son initiation.

— Nous continuerons donc plus tard cette dictée, mon ami, — répond Bethsabée se levant ; et elle ajoute, étouffant un soupir : —