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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/164

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aux ordres du roi, » — répondent fièrement les capitaines, et ils s’éloignent suivis de leurs soldats.

Durant cette rixe, bientôt terminée, Louis XVI, sa famille et sa suite ont pris place sur le banc destiné aux ministres. Un silence profond règne dans l’Assemblée. Louis XVI, jusqu’alors resté seul couvert, se lève, ôte son chapeau de garde national, et d’une voix brusque, où se révèle à la fois la frayeur et une sourde récrimination mêlée d’un doute amer, il dit :

« — Je suis venu ici pour éviter un grand crime… je pense que je serai en sûreté parmi vous, messieurs ?

» une voix, à droite, avec exaltation. — Vive le roi ! vive le roi !

» voix nombreuses, de toutes les parties de la salle. — Silence… silence !

» le président, au roi. — Sire…

» un membre, à gauche. — Plus de ces titres serviles… le temps en est passé…

» plusieurs voix. — Silence… écoutez !

» le président. — Vous pouvez compter… sire… sur la fermeté de l’Assemblée nationale… ses membres ont juré de mourir pour soutenir les droits du peuple et les autorités reconnues par la constitution…

» brissot, se levant. — Je demande la parole.

» le président. — Vous avez la parole.


» brissot. — La constitution interdit toute délibération en présence du pouvoir exécutif… Je demande que le pouvoir exécutif quitte la salle…

» bazire. — Je propose que Louis XVI et sa famille soient invités à occuper la loge des logotachygraphes, qui se trouve dans à l’intérieur de l’Assemblée, mais en dehors du lieu de ses délibérations. »

Cette proposition est adoptée. La famille royale et les personnes de sa suite sortent de la salle, afin d’aller occuper la loge désignée,