Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/172

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de déposer sur le bureau de l’Assemblée plusieurs écrins trouvés dans les appartements des Tuileries et renfermant des bijoux.

» lacroix. — L’Assemblée n’ayant pas de lieu de dépôt pour ces objets, je demande qu’ils soient transférés à la commune par les citoyens eux-mêmes. »

L’un de ces patriotes, la bouche et les mains noires de poudre, vêtu de mauvais habits, coiffé d’un bonnet rouge et tenant son fusil, répond au président :

« — Soyez-en certains, ces objets précieux, sauvegardés par le peuple, seront remis à la commune. »

Il sort avec ses compagnons au moment où une députation, composée d’hommes armés, se présente à la barre ; l’animation de leurs traits, le désordre de leurs vêtements, annoncent qu’ils viennent de prendre part au combat. L’orateur de la députation s’adressant à l’Assemblée :

« — Législateurs ! un grand attentat vient d’être commis contre des citoyens français. Les fils pleurent la perte de leurs pères ; les frères, la perte de leurs frères… A qui s’en prendre ?… (Désignant le roi.) Au pouvoir exécutif ! »

Profonde sensation. Tous les regards se tournent de nouveau vers la loge. Louis XVI a repris son masque d’inertie ; la reine, le front haut et dédaigneux, semble braver les événements.

« l’orateur. — Nous nous présentons à la porte du château… les Suisses qui étaient aux fenêtres baissent leurs armes, jettent leurs cartouches et nous invitent à nous approcher avec confiance. À peine sommes-nous sous la voûte de l’escalier des Tuileries, que les Suisses, à qui nous tendions les mains, nous criblent de coups de fusil… (Sensation profonde.) Je ne sais comment j’ai échappé à cette fusillade meurtrière… Tels sont donc les ordres du pouvoir exécutif !

» louis xvi, avec impatience. — J’ai écrit ici, de ma main, l’ordre de cesser le feu.