Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/200

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son appel aux armées coalisées, ses libératrices, ses cris de vive le roi ! vive la reine ! jetèrent une clarté sinistre sur les noirs projets tramés dans l’ombre des prisons… et dont vous aurez plus tard, fils de Joël, des preuves irrécusables. Ce n’est pas tout : la contre-révolution, enhardie par la longanimité populaire et par l’acquittement des conspirateurs traduits devant la haute cour d’Orléans, redressait la tête à Paris, dans les provinces. L’on apprenait chaque jour des nouvelles de plus en plus alarmantes : une partie de l’Ouest et du Midi, égarée par la noblesse, fanatisée par le clergé, était sur le point de se soulever ; les royalistes disaient dans la capitale, avec une imprudente insolence, que l’Assemblée, sous le coup des redoutables menaces du manifeste du duc de Brunswick, n’avait osé statuer sur le sort de Louis XVI, renvoyant l’instruction du procès à une prochaine Convention ; mais que les armées coalisées seraient à Paris avant le 20 septembre 1792, époque fixée pour l’ouverture de la Convention. Soudain ces prédictions semblent au moment de s’accomplir. Le 1er septembre (remarquez bien cette date, fils de Joël, car les massacres eurent lieu le 2 et le 3 septembre), le 1er septembre, l’on apprend à Paris l’envahissement de la frontière par l’armée prussienne ; Longwy est pris ; l’ennemi investit Verdun ; cette place forte, laissée à dessein presque sans défense par Louis XVI, ne peut résister ; or, cette ville au pouvoir des armées coalisées, elles pouvaient arriver en trois jours de marche devant Paris !

Et maintenant, fils de Joël, jugez de l’effroi, de la surexcitation furieuse où dut se trouver la population en face de ces foudroyantes nouvelles ? À l’extérieur, la frontière ouverte, l’une de nos places aux mains de l’ennemi, qui, après la prise presque certaine de Verdun, s’avancerait victorieux sur Paris… Or, vous savez, fils de Joël, quel sort réservait à la capitale et à ses habitants le manifeste des despotes étrangers !…

Enfin, à l’intérieur, les royalistes, triomphants de l’approche de leurs complices coalisés, n’attendant que le moment de déchaîner