Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/32

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« — … Citoyens, Louis XVI a pris la fuite cette nuit… Ce roi parjure, sans foi, sans pudeur, sans remords, est allé rejoindre les rois étrangers, ses complices. La soif du pouvoir absolu, qui dévore son âme, le rendra bientôt assassin féroce. Il reviendra se baigner dans le sang de ses sujets, qui refusent de se soumettre à son joug tyrannique… En attendant, il se rit de la sottise des Parisiens, qui ont eu foi à ses serments… Citoyens, vous êtes perdus, si vous prêtez l’oreille à l’Assemblée nationale, qui ne cessera de vous cajoler, de vous endormir, jusqu’à l’arrivée de l’ennemi sous vos murs !! Faites partir à l’instant des courriers pour les départements ; appelez les fédérés bretons à votre secours ; emparez-vous de l’arsenal ; désarmez les alguazils à cheval, les gardes des ports, les chasseurs des barrières, la troupe soldée… tous contre-révolutionnaires… Citoyens, nommez sur l’heure un dictateur impitoyable ! qui, du même coup, fasse tomber la tête des ministres, de leurs subalternes, de La Fayette, de tous les scélérats de son état-major, de tous les contre-révolutionnaires, de tous les traîtres de l’Assemblée nationale. »

Camille Desmoulins caractérisait ainsi, dans les Révolutions de France, avec sa verve railleuse, la situation présente :

« — … Le roi a couché la nation en joue, le coup a raté… à la nation de tirer maintenant. Sans doute elle dédaignera de se mesurer contre un homme désarmé, fût-ce un roi !! et je serais le premier à tirer en l’air… mais il faut que l’agresseur me demande la vie… »

Des placards, des inscriptions de toute nature, affichés sur les murs de Paris, agissaient puissamment sur l’opinion publique dans le sens d’un mouvement républicain. Nous avons lu, au coin de la rue Saint-Victor, placardés, ces beaux vers, dont ma sœur a pris copie : 


« Songez qu’au Champ-de-Mars à cet autel auguste,
» LOUIS nous a juré d’être fidèle et juste !
» De son peuple et de lui tel était le lien.