Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/89

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l’intention de décréter qu’un roi, quoique parjure, traître et conspirateur… en d’autres termes : que Louis ne pouvait être ni jugé, ni puni ; cependant elle n’a osé le déclarer formellement, effrayée de l’opinion de la France entière ; mais l’Assemblée a déclaré implicitement cette iniquité monstrueuse, en ne comprenant pas le roi dans la procédure criminelle commencée contre Bouillé et les trois gardes du corps complices de l’évasion… À cette contradiction, joignez-en d’autres non moins absurdes et odieuses ! Ainsi, le roi est déclaré inviolable… et on le retient pour ainsi dire de force dans son palais jusqu’à la fin de la constitution ; son inviolabilité est ainsi violée d’une manière flagrante, et pourtant on le déclare au-dessus de la loi… »

Enfin, le club des Cordeliers, fidèle à ses convictions républicaines, faisait afficher à profusion dans Paris le placard suivant :

« — Frères et citoyens, tout ce qui concerne le ci-devant roi se résume en ces quatre points : — 1° Il a abdiqué, il a déserté son poste. — 2° La nation ne doit pas rendre sa confiance à un homme qui, infidèle à ses fonctions, parjure à ses serments, ourdit une fuite clandestine, dirige sa course vers une frontière couverte de transfuges et médite évidemment de ne rentrer en France qu’avec une force étrangère, afin de pouvoir nous imposer sa tyrannie par la force ! — 3° Sa résolution de fuir lui a-t-elle été personnelle, ou la lui a-t-on imputée ?… Que nous importe ! idiot ou tyran, il est désormais indigne de régner ; nous ne lui devons plus obéissance. — 4° L’histoire de France n’offre qu’une longue suite de malheurs du peuple dont la cause remonte toujours aux rois… La conclusion est simple : — À bas les rois ! »

L’opinion publique ainsi éclairée, raffermie, excitée par l’action salutaire de la presse patriotique, se manifestait de plus en plus hostile aux décrets de l’Assemblée nationale relatifs à Louis XVI, et du 14 au 16 juillet, la fermentation de Paris, surtout dans les faubourgs, allait croissant ; il n’y avait, ainsi que l’on dit, qu’un cri : la -