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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/214

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de la défiance du peuple ! qui le croyez capable et l’accusez de tous les excès, c’est ainsi que vous le dépravez et le rendez méchant… La nature nous a donné le droit de blâmer les actions que nous croyons dangereuses… de ce droit nous userons avec courage. Obéir et haïr, telle était la réponse des courtisans disgraciés. DIRE LA VÉRITÉ, MOURIR POUR ELLE, telle sera toujours la devise du faubourg Antoine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »

Telle a été la profonde sensation causée par ces paroles de Gonchon, paroles à la fois si nobles, si généreuses, si énergiques, si sages et si fraternelles, que la Convention, ayant enfin conscience de la coupable stérilité de ses débats personnels, a fait noblement, publiquement l’aveu de ses fautes en votant à l’unanimité, par acclamation, l’impression du discours de Gonchon, et l’envoi de ce discours dans les provinces. Du reste, et à la louange d’un grand nombre de conventionnels, plusieurs d’entre eux sont navrés du spectacle que tant de débats irritants ont donné à la France, à l’Europe, et Philippeaux, sous l’influence de l’allocution de Gonchon, a terminé ainsi un éloquent et chaleureux discours, après avoir signalé les maux dont la division des partis menaçait la république.

« Citoyens ! ouvrons enfin les yeux, brisons le talisman fatal d’une idolâtrie pernicieuse. — Je n’ai vu, moi, et je ne suis pas le seul, qu’un combat d’amour-propre ou d’ambition entre les dix ou douze athlètes qui se donnent si souvent en spectacle, afin de savoir qui d’entre eux seront les modérateurs suprêmes de la république. Si, dès l’origine, nous eussions pu leur imposer silence, ils eussent fait tourner au profit de la chose publique les passions qui les dévorent et que nous finissons par partager.

» Lorsque, au comité de défense générale, j’entendis mettre en thèse que si Brissot, Gensonné et trois ou quatre autres pouvaient se réconcilier avec Robespierre, la patrie serait sauvée… Grand Dieu ! m’écriai-je avec indignation, il n’existe donc déjà plus de république… Car si le schisme qui divise ce petit nombre d’individus