Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Tels sont, fils de Joël, les précédents qui amenèrent la journée du 31 MAI 1793, dont divers événements se relient à la suite de notre légende, ainsi que vous allez le voir ci-après.

_____

Jean Lebrenn, depuis son mariage avec Charlotte Desmarais, occupait sa modeste demeure de la rue de l’Arcade, où se trouvait aussi son atelier de serrurerie, transformé depuis deux mois environ en armurerie, car il avait été chargé d’une commande de fusils destinés à armer les volontaires, et il apportait, ainsi que ses compagnons, un zèle patriotique à ce travail. Jean Lebrenn, dans la soirée du 30 mai (1793), se délassait momentanément des rudes labeurs de la journée, en parcourant quelques journaux, lorsque sa femme vint le rejoindre, se disant d’un air triste et pensif :

— Non… si pénible que me soit cette confidence… mon dernier entretien avec ce malheureux enfant, mon tendre attachement pour Victoria, ne me permettent plus d’hésiter…

Au moment où Charlotte s’approche de son mari, celui-ci lui dit, conservant à la main le journal qu’il parcourait :

— Ah ! chère femme, tu ne saurais venir plus à propos : il faut que je te lise une lettre aussi curieuse que remarquable par ses sentiments…

— Mon ami, j’avais à causer avec toi…

— Nous causerons tant qu’il te plaira. Laisse-moi seulement d’abord te lire cette lettre dont je suis très-frappé.

— Soit, je t’écoute… Et de qui est cette lettre ?

— De Hoche.

— Ce jeune capitaine sur lequel Carnot fonde de si brillantes espérances, assurant qu’il deviendra l’un des meilleurs généraux de la république ?

— Lui-même… Et cependant, malgré les pressantes recommandations de Carnot, le conseil exécutif laisse à l’écart cet officier