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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/267

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d’une voix grave et douce après quelques instants de recueillement : — Olivier, vous êtes, je le crois, maintenant en état de m’entendre. J’ai prié mon frère et sa famille de me laisser seule avec vous… Notre entretien aura, je l’espère, une heureuse influence sur votre avenir.

— Je vous écoute, mademoiselle Victoria.

— J’ai lu et relu cette lettre… — ajoute la jeune femme en tirant de son corsage la lettre d’Olivier. — Effrayée de votre résolution de suicide… et ne songeant qu’à vous arracher à la mort s’il en était encore temps… je n’ai pu d’abord achever la lecture de votre billet ; mais maintenant je l’ai lu et, je vous le répète, relu en entier… il m’a touchée, profondément touchée…

— Qu’entends-je ! — s’écrie l’adolescent, joignant les mains avec transport et s’abandonnant à une espérance involontaire, — ma lettre ne vous a inspiré ni mépris ni colère ?

— Pourquoi du mépris, pourquoi de la colère, mon enfant ?… Vous avez cédé à un généreux sentiment de reconnaissance envers moi, et de noble sympathie pour mon caractère… je ne suis donc pas irritée, mais honorée de votre affection…

— Vous, honorée de mon affection, mademoiselle Victoria… Mon Dieu ! que dites-vous ?

— Oui, votre attachement m’honore, Olivier… Aussi dois-je me montrer digne de votre estime… Et maintenant, mon ami, répondez-moi sincèrement… La crainte de me voir insensible à un aveu qu’une insurmontable timidité avait pendant si longtemps retenu sur vos lèvres vous a poussé au suicide ?

— Hélas ! oui, mademoiselle.

— Soyez encore sincère, Olivier… Était-ce la maîtresse ou l’épouse que vous rêviez en moi ?

— Grand Dieu ! pouvez-vous supposer…

— Soit… vous rêviez en moi la future compagne de votre vie… Dites-moi, mon ami, croyez-vous à ma parole ?