Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/285

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une troisième fois, et cette troisième insurrection, la plus salutaire, la plus sainte de toutes, n’a pas une seule tache de sang. Il n’y avait personne ici de bonne foi qui doutât des crimes des meneurs du côté droit de la Convention, de leur royalisme, de leur intelligence avec Dumouriez et Cobourg, avec la Prusse et l’Angleterre, de leur complicité dans toutes les trahisons ; et les bons citoyens gémissaient, désespérés de voir le gouvernement de la république confié à une bande de conjurés contre la république.

» S’il n’y avait point de preuves physiques et matérielles de la conjuration, c’est qu’il n’y en eut jamais contre les conspirateurs, pas même contre Catilina. — C’est que Cicéron, tout habile qu’il était, ne put acquérir de conviction contre Catilina qu’en le forçant à fuir, comme vient de le faire Brissot.

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» Le peuple n’a vu de salut que dans une troisième insurrection, lorsque les dernières nouvelles des départements et des armées ont achevé de répandre la consternation, et de faire sentir la nécessité et l’urgence de ce remède extrême. Nantes élargissait les ennemis de la liberté et en écrouait les défenseurs ; — Rennes ne reconnaissait plus les commissaires de la Convention ; — la Lozère imitait la Vendée ; — Fontenay-le-Peuple tombait au pouvoir des rebelles ; — le camp de Famars était livré à l’ennemi ; — on répandait le bruit que Bordeaux négociait avec Pitt pour être ville indépendante ; — Marseille désavouait sa gloire, brisait ses trophées et jetait dans les cachots les meilleurs citoyens ; — Lyon les égorgeait. — Pour comble de maux, deux partis agitaient la Convention de leurs débats, montraient aux tribunes, dans l’Assemblée nationale, non plus le temple de la liberté, l’autel du peuple français, mais une arène de gladiateurs, et plus souvent une halle. Cette vue et les dernières nouvelles, jointes à tant de trahisons, amènent enfin l’explosion générale.