Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/296

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Les vers suivants ont été placardés à profusion dans Paris :

« Peuple… Marat est mort. L’enfant de la patrie,
» Ton ami, ton soutien, l’espoir de l’affligé,
» Est tombé sous le coup d’une horde flétrie.
» Pleure !… mais souviens-toi qu’il doit être vengé. »

Les sections se succédèrent autour des dépouilles de Marat jusqu’au moment de ses funérailles (dit le Journal de la Montagne, n° XLVII). L’orateur de la section de la République a parlé ainsi :

« Il est mort ! l’ami du peuple… il est mort assassiné… Ne prononçons point son éloge sur ses restes inanimés. Son éloge, c’est sa conduite, ses écrits, sa plaie saignante, sa mort !… Le peuple vient jeter des fleurs sur sa tombe… La consternation des citoyens, leurs larmes, les honneurs qu’ils rendent à sa mémoire… voilà le plus éloquent des éloges ! Ce n’est pas lui qu’on a voulu assassiner… c’est la république ! ce n’est pas lui qu’il faut venger… c’est la patrie !… Marat ! âme rare et sublime… nous t’imiterons, nous écraserons tous les traîtres… nous vengerons ta mort à force de courage… à force de vertus… Nous le jurons. »

Une députation de la section du Théâtre-Français s’est présentée à la barre de la Convention et s’est ainsi exprimée :

« Législateurs,

» Nous vous demandons, pour prix de l’amitié que notre section a toujours vouée à Marat, la faveur d’inhumer provisoirement ses cendres sous ces mêmes arbres où il nous instruisait. La, nous élèverons un tombeau sur lequel on lira : Ci-gît Marat, assassiné par les ennemis du peuple dont il fut toujours l’ami. »

La Convention en masse a assisté aux funérailles de Marat, sur la proposition de l’illustre peintre David, son ami.

Un arrêté de la commune a donné le nom de Marat à la rue des Cordeliers, et le nom de place de l’Ami du Peuple à la rue de l’Observance, enfin le Journal de Paris rend compte en ces termes des funérailles de Marat.