Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/9

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massacres de septembre ; or, ces massacres ont eu un bon et un mauvais côté.

L’ÉVÊQUE. — Un bon côté ! Vous osez dire que ce carnage…

LE JÉSUITE MORLET. — Monseigneur n’a point la parole. Les massacres de septembre ont eu, dis-je, un bon et un mauvais côté. Voici le mauvais : les chefs les plus actifs de la conspiration, détenus comme suspects dans les prisons où elle se tramait, grâce à de nombreuses intelligences avec le dehors ; ces chefs ayant été égorgés, les royalistes de Paris et des provinces, frappés de terreur et ainsi privés de haute direction, sont restés cois, il a fallu près de trois mois pour renouer chaque fil de la conspiration brisée par la mort de ses chefs ; le massacre de septembre a encore eu pour nous ce mauvais côté, qu’il s’est combiné avec un prodigieux élan de patriotisme ; les volontaires courant en masse aux frontières ont changé complètement, par l’irrésistible furie de leur attaque, l’ancienne tactique de la guerre. L’infanterie prussienne, la meilleure de l’Europe, a été culbutée par ces forcenés ; il est à craindre qu’elle demeure longtemps sous l’influence de la panique que lui a causée la première charge à la baïonnette des volontaires, à la bataille de Valmy.

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Morbleu ! mon révérend, ne parlez pas de guerre, vous n’y entendez rien ! Je servais dans le corps d’émigrés qui a enlevé la position de la Croix-au-Bois à la bataille de l’Argonne ; j’étais à côté du duc de Brunswick lors de l’affaire de Valmy, et j’affirme que si l’infanterie prussienne a été, il est vrai, ébranlée par ces va-nu-pieds, qui se précipitaient sur elle comme des sauvages, en poussant des hurlements de damnés, elle est maintenant remise de cette panique et ne demande qu’à venger son affront ; oui, et vienne la guerre, la vraie guerre, la grande guerre, les coalisés feront une boucherie de ces hordes indisciplinées, car…

LE JÉSUITE MORLET. — Vous abusez, comte, de la parole que vous n’avez point ; de plus, vous dévoyez complètement de la question.

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Morbleu ! mon révérend, je…