Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/169

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cinquante-quatre ans, né à Paris, ex-notable. — Arthur, fabricant de papier, trente-trois ans, membre de la commune.

SÉANCE DU 14 THERMIDOR.

Pierre-André Coffinhal, âgé de trente ans, né dans la ci-devant province d’Auvergne, ex-médecin, ex-homme de loi, ex-vice-président du tribunal révolutionnaire, ex-membre du conseil général de la commune de Paris, domicilié rue J.‑J. Rousseau, et mis hors-la loi par décret de la Convention nationale du 9 thermidor ; l’identité, constatée par témoins, a été livré par ce tribunal à l’exécuteur des jugements, pour être mis à mort dans les vingt-quatre heures, place de la Révolution.

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Jean Lebrenn ne partagea pas le sort de ses collègues de la commune : il put échapper à la mort. Emprisonné à la Conciergerie, le 10 thermidor, et mandé vers minuit au greffe de la prison, il y trouva Billaud-Varenne. Celui-ci, à la sollicitation de Charlotte Lebrenn, et encore tout-puissant, ainsi que les autres chefs de la conspiration thermidorienne, donna l’ordre, sous sa responsabilité, au concierge de laisser sortir provisoirement de prison Jean Lebrenn, qu’il emmenait, disait-il, au comité de salut public, afin d’établir une importante confrontation. À peine hors de la prison, Billaud-Varenne dit à Jean Lebrenn, qu’il fit monter en voiture avec lui : — Je vais vous conduire dans un refuge très-sûr ; je me l’étais ménagé dans le cas où la commune triompherait, et ce triomphe était certain si elle n’eût fait preuve d’une inconcevable inertie, car la Convention, au début de la journée, ne disposait que de quelques compagnies de grenadiers, tandis que les autorités constituées du département, l’administration de la police, les sections armées, les faubourgs, la banlieue de Paris, répondaient à l’appel de la commune. Je l’avoue, je suis presque inquiet de notre victoire ; je crains que nous ne soyons bientôt débordés par les royalistes du côté droit de la Convention et par les soixante-sept députés girondins, dont le rappel a été voté aujourd’hui malgré nous autres terroristes et montagnards. Peut-être disiez-vous vrai, peut-être mon horreur de la dictature m’a-t-elle aveuglé, peut-être regretterons-nous un jour la chute de Robespierre !

FIN DU SABRE D’HONNEUR.





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