Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/195

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était si vivace, ses bienfaits si féconds, qu’il suffit de la sage, laborieuse et intègre administration du premier gouvernement directorial pour relever le crédit, ranimer l’industrie et l’agriculture ; l’on reconnut alors les immenses avantages de la légitime récupération par l’État des biens de l’aristocratie et du clergé, biens procédant de la conquête franque et de la spoliation cléricale. Le morcellement de ces propriétés fut le signal de la renaissance de l’agriculture. L’abolition des maîtrises et des jurandes, ayant affranchi l’industrie, produisait des résultats excellents, et le commerce prit un rapide essor. L’incurie et les dilapidations des thermidoriens, leur haine sourde contre les généraux jacobins, qu’ils n’osaient atteindre au milieu de leurs armées foncièrement républicaines, avaient gravement compromis la situation militaire de la France. Carnot, d’un caractère politique indécis, mais grand organisateur et incomparable tacticien, chargé par ses collègues du Directoire de la conduite des opérations militaires, traça de sa main (ce que les apologistes de Bonaparte ont toujours feint d’ignorer) les principales instructions de l’expédition d’Italie, qui commença l’inconcevable fortune du jeune officier corse, nommé général après les journées de vendémiaire ; sans doute il apporta dans l’exécution des ordres de Carnot cette profonde intelligence de la guerre qui devait le placer au premier rang des capitaines anciens et modernes ; mais au génie stratégique de Carnot appartient la conception de plusieurs de ces plans de campagne dont le général Bonaparte a toujours revendiqué l’honneur pour lui seul.

Jourdan fut chargé du commandement de l’armée de Sambre-et-Meuse ; Moreau, de l’armée du Rhin ; Hoche, général en chef de l’armée des côtes de l’Océan, eut pour mission de mettre terme à la guerre de Vendée et de pacifier cette malheureuse province, mission difficile et délicate qu’il sut accomplir, grâce à ce mélange de douceur et de fermeté si remarquable en lui. Le 8 ventose an IV (février 1796), Babœuf et plusieurs ex-conventionnels amnistiés, Vadier, Amar, Choudieu, Ricord et d’anciens généraux du comité de salut public, Rossignol, Parrein et Fyon, tentèrent un appel aux patriotes, afin de rétablir la constitution de 1793. Ce mouvement