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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/201

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« M. le prince de Condé, en lisant le plan, le rejeta en totalité. Il fallait, pour son succès, en faire part aux Autrichiens. Pichegru l’exigeait ; M. le prince de Condé ne le voulait pas absolument, pour avoir à lui seul la gloire de faire la contre-révolution. »

Le 6 fructidor (an V), le Directoire exposa au conseil des Anciens et au conseil de Cinq-Cents la situation de la France. Voici quelques passages saillants de ce message, ils donnent une idée de l’étendue de la conspiration royaliste et de son but exécrable.

« Citoyens représentants, le Directoire s’empresse de vous faire connaître les mesures qu’il a prises pour assurer le salut de la patrie et le maintien de la constitution ; il vous transmet les pièce qu’il a réunies et celles qu’il a publiées avant que vous fussiez rassemblés. S’il eût tardé un jour de plus, la république était livrée à ses plus mortels ennemis. Le lieu de vos séances était celui que les conjurés avaient choisi pour être le foyer de la conspiration. Là, ils délivraient des cartes d’enrôlement ; de là ils correspondaient avec leurs complices ; de là, ils fomentaient des rassemblements clandestins, que la police est occupée en ce moment à dissiper. C’eût été compromettre le salut de la patrie, la tranquillité publique, la vie des représentant restés fidèles que de ne pas prendre des mesures promptes, vigoureuses, efficaces ; le Directoire l’a fait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Assurés du succès de la conspiration, lors des élections de prairial, des prêtres parcourent les campagnes, forcent leurs sectaires d’aller aux assemblées et leur donnent des bulletins, d’autres en distribuent au confessionnal. Un club de moines exige des citoyens, et ensuite des électeurs, le serment de ne nommer que des personnes attachées à la royauté… Des mandements d’évêques viennent mettre le sceau à toutes ces pratiques du charlatanisme et de la fourberie. Un accusateur public lance près de cent mandats d’arrêt contre les meilleurs républicains. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Les arbres de la liberté sont coupés avec fureur ; les chouans sont complètement réorganisés ; des compagnons de Jésus, des royalistes organisés en colonnes mobiles, des réquisitionnaires déserteurs ajoutent encore à l’effroi. Une proclamation de Louis XVIII circule dans plusieurs départements. Il semble qu’il n’y ait plus d’asile pour les républicains. Les acquéreurs des biens nationaux