Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/263

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dans le sein du conseil pour y recevoir une expédition du présent décret, et prêter serment. Il se concertera avec la commission des inspecteurs des deux conseils.

» Art. 5. — Le présent décret sera de suite transmis par un messager d’État au conseil des Cinq Cents et au Directoire exécutif. »

La lecture de ce décret, bruyamment acclamé par la majorité factieuse, soulève les réclamations les plus énergiques de la part des membres républicains de la minorité, plusieurs demandent la parole avec animation.

MONTMAYON, se levant debout, s’écrie d’une voix éclatante. — Représentants du peuple, il se trame ici une infernale trahison !… — Les clameurs de la majorité couvrent la voix de Montmayon. Les représentants conjurés se lèvent en masse, et le président Lemercier déclare que le décret est adopté.

DENTZEL, avec force. — C’est une indignité !… Je proteste au nom de la liberté des opinions.

Explosion de cris de la majorité. Le président agite sa sonnette ; le silence se rétablit.

CORNUDET, à la tribune. — Représentants du peuple, je propose l’adoption de cette adresse aux Français. (Il lit.)

« Français, le conseil des Anciens use du droit qui lui est délégué par l’article 102 de la constitution, de changer la résidence du corps législatif.

» Le salut commun, la prospérité commune, tel est le but de cette mesure constitutionnelle. Il sera rempli.

» Et vous, habitants de Paris, soyez calmes ; dans peu la présence du Corps législatif vous sera rendue.

» Français, les résultats de cette journée feront bientôt foi si le Corps législatif est digne de préparer votre bonheur, et s’il le peut.

» Vive le peuple ! par qui et en qui est la république ! »

La majorité factieuse se lève en masse pour l’adoption de cette adresse aux Français ; en vain la minorité essaye de protester de nouveau, sa voix est étouffée par les clameurs furieuses des conjurés.

LE PRÉSIDENT LEMERCIER. — Huissiers, introduisez à la barre M. le général Bonaparte.

HUBERT, à part. — Le tour est fait… la farce est jouée… la république a vécu… ou peu s’en faut… C’est maintenant au général Bonaparte à lui donner le coup de grâce.

Le général Bonaparte est introduit par les huissiers, il porte le