Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/276

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nationale et pour rendre la paix intérieure. Je demande : 1° qu’il soit formé une commission de sept membres chargée de faire un rapport sur la situation de la république et sur les moyens de la sauver ; 2° que cette commission fasse son rapport séance tenante ; 3° que jusque-là toute délibération soit suspendue ; 4° que toute proposition qui serait faite lui soit renvoyée. (Applaudissements prolongés.)

PLUSIEURS MEMBRES. — Appuyé ! Aux voix !

DELBREL. — Oui, sans doute, représentants du peuple, de grands dangers menacent la république ; mais ceux qui veulent la détruire sont ceux mêmes qui, sous prétexte de la sauver, veulent changer ou renverser la forme du gouvernement existant. En vain ces hypocrites conspirateurs ont cru nous effrayer en déployant autour de nous l’appareil formidable de la force armée ! Non, les défenseurs de la patrie ne consentiront jamais à tourner leurs armes contre ses représentants ! (Applaudissements chaleureux ; Lucien Bonaparte reste impassible.) Si néanmoins les conspirateurs parvenaient à tromper ou à égarer le courage de nos soldats, nous saurions mourir à notre poste, en défendant la liberté publique contre les tyrans, contre les dictateurs qui veulent l’opprimer ! Nous voulons la constitution ou la mort !

Acclamations prolongées ; une foule de membres se lèvent spontanément et répètent avec enthousiasme : — Oui… la constitution ou la mort !… Lucien Bonaparte, toujours impassible, agite sa sonnette et réclame le silence.

DELBREL, avec énergie. — Les baïonnettes ne nous effrayent pas : nous sommes libres ici ! Je demande que tous les membres du conseil, appelés individuellement, renouvellent à l’instant le serment de maintenir la constitution de l’an III.

L’assemblée se lève en masse.

PLUSIEURS MEMBRES. — Point de dictature ! à bas les dictateurs ! vive la constitution !

PLUSIEURS VOIX. — Citoyen président… mettez donc aux voix la proposition du renouvellement de serment à la constitution ! — Qu’attendez-vous ? — L’assemblée ne s’est-elle pas levée en masse ?

LE PRÉSIDENT BONAPARTE, se tournant vers un petit groupe placé à sa droite. — La proposition est-elle appuyée ?

GRANDMAISON, avec véhémence au président. — Quoi ! lorsque l’assemblée se lève presque tout entière en masse pour la proposition de Delbrel, vous consultez une infime minorité !

BIGONNET. — C’est indigne… Citoyen président, nous te sommons de consulter l’assemblée tout entière !